L’UTMB est devenue la grande foire du trail de la fin août. Même concurrencé par l’échappée belle, l’UT4M ou d’autres trails qui se positionnent à la même date, ce rassemblement de plusieurs courses (UTMB, TDS, CCC, OCC, petite trotte à Léon) est quasi incontournable un jour ou l’autre pour un trailer.
La course UTMB (166 km et 10000 de D+) est la plus connue. Elle relie Chamonix à Chamonix, faisant le tour du Mont-Blanc par Courmayeur et Champex quand le temps le permet .. Au menu un premier 1/4 vraiment ennuyeux (les Houches, St-Gervais, etc..) et une course qui commence vraiment à être intéressante quand on attaque le bonhomme (ne négligez pas le coup au moral porté par le premier 1/4 de course qui sort par les trous de nez tellement il est triste et gris !). Ensuite c’est la beauté de l’Italie sauvage (Lac Combal) puis Courmayeur et le danger de trop redescendre dans une ambiance « ville » après une nuit en montagne, alors qu’on doit repartir vers des sommets qui mèneront au col Ferret. Ensuite on descendra en Suisse, à la Fouly puis à Champex. On aura alors fait 120 km et le plus dur restera à faire avec les montagnes russes très escarpées de Bovines, les Tseppes et les délires de la Tête au Vent (où on se demande comment il n’y a pas eu encore de mort parmi ceux qui y passent leur seconde nuit) avant d’arriver peut-être à Chamonix.
La CCC, initialement de 80 km et passée à 100 km reprend la seconde partie de l’ UTMB avec quelques modifications au départ de Courmayeur.
L’OCC reprend la fin de l’ UTMB et « promet » à ses participants une bonne initiation et beaucoup de difficultés à s’inscrire.
La TDS est elle complètement différente. Initiée en 2009 dans le sens Chamonix Courmayeur puis passée dans l’autre sens, elle permet de s’apercevoir qu’on peut relier Chamonix à Courmayeur par Bourg-Saint Maurice.
La TDS, 120 km pour 7000 D+, c’est beaucoup + de km entre les ravitaillements et beaucoup moins de possibilités de ne pas remplir les gourdes ou autres pour s’alléger (18 km sans ravito à moment donné: c’est l’assurance d’avoir des problèmes si on est sans eau).
La TDS, c’est aussi des montées beaucoup plus longues que sur l’UTMB, le Lac Combal dans toute sa splendeur et des passages mythiques comme le passeur de Pralognan ou des bords de ruisseaux assez dingues (on ne parlera pas de #@%$$# Bellevue). A contrario, une fin tranquille des Houches à Chamonix et une descente en pente douce du St-Bernard à Bourg Saint Maurice (où il faudra être fort mentalement pour passer devant la gare sans prendre de taxi pour remonter aux forts militaires sur une pente très raide, après avoir eu un ravitaillement et un contrôle en quasi centre ville).
Bon, donc pour participer à l’un de ces trails, on choisit quoi comme chaussures ?
Cela fait maintenant quelques années que le trail est devenu « populaire ». Alors que Salomon représentait sans doute 95% des chaussures des pelotons en 2005, il y a beaucoup plus de marques maintenant.
Certaines sont vraiment bonnes et d’autres n’y font que du marketing.
Eliminons tout de suite, Adidas (si quelqu’un est à l’aise dans un modèle Adidas pour faire un trail, un vrai, qu’il le dise ou se taise à jamais), Nike, Mizuno, New Balance (pourtant très bon en course avec par exemple sa M1260 qui remplace à meilleur prix un Asics Gel Kayano).
Ah oui, on parle ici de trails alpins. Les marketeurs semblent vouloir lancer l’expression de city trail (basée sur les eco-trails de paris ou la SaintéLyon..) mais pour ça, honnêtement, restez avec des baskets classiques ou choisissez le moindre prix des marques Decathlon, beaucoup plus performantes qu’on pourrait le croire (on peut d’ailleurs sans problème faire une CCC ou autre avec des chaussures de trail Decathlon mais elles seront ensuite abîmées or comme il faut des points DONC des courses AVANT, il faudra plusieurs chaussures Decathlon, ce qui revient plus cher qu’une vraie paire .. à moins de faire jouer la garantie Decathlon et dont de faire le gratte la rouille en faisant irruption dans un Decathlon tel un José Garcia « non mais qu’est-ce que j’apprends ? » pour s’étonner de l’usure prématurée des pompes .. qui seront donc remboursées 🙂).
En matière de trail alpin (ou dans un autre massif montagneux), le problème est de savoir à quoi vont se mesurer vos pattes: de la piste, du sentier, du cailloux, du pierrier, des petits pierres ou des rochers coupants, de la boue, de la grosse pente ou de la petite pente ?
A ces ingrédients potentiels, on ajoutera la longueur du trail: 50 km, 100 km, + ?
Et on essaiera de faire cuire tout ça dans un moule: votre corps et son état initial.
En général, le problème des trails c’est la descente. La montée, ça passe toujours, même à 4 pattes. La descente, c’est différent. Alors que les pro s’y reposent et accélèrent tout en décontraction, l’amateur se crispe en descente, se défonce les muscles des cuisses, y risque tendons, chevilles et genoux et s’y fatigue beaucoup.
C’est surtout en descente que les chaussures vont jouer un rôle capital.
Vues comme des accessoires de drag queen ou des trucs immetables, les HOKA sont devenues un des standards des pelotons de trails.
Dans des descentes très raides et pleines de petits rochers coupants ou de cailloux, les Hoka sont top.
Plus besoin de savoir si on s’appuie sur les talons au risque de s’user les tendons. Plus besoin d’avoir peur pour les orteils. Avec des Hoka, on imite le bonhomme Michelin et on pose le pied à plat. Toutes les aspérités du terrain sont absorbées par les semelles des Hoka et on ressemble à un nounours descendant bon an mal an une pente.
Contrairement à ce que disent beaucoup de détracteurs d’Hoka qui ne les ont jamais essayé, il n’y a pas de risque ou de sensation de lâchage/flottement latéral.
Dans les très dures descentes de Bovine ou des Tseppes, les Hoka sont une bénédiction MAIS:
– on perd du temps en montée car on a du mal à monter naturellement avec la pointe du pied en premier (même si les derniers modèles de Hoka sont + dans la normale au niveau de la semelle); on peut facilement perdre 10% de temps par rapport à des chaussures classiques –> il faut donc calculer le gain en descente ET en « sauvegarde » des jambes.. On peut très bien ne rien gagner en descente MAIS être beaucoup plus frais en fin de trail, ce qui est inestimable car c’est là qu’on perd non pas des minutes mais souvent des heures.. Dans le cas d’une CCC ou d’un UTMB, arriver à descendre de la Flégère en courant boing boing sur ses Hoka plutôt qu’en claudiquant est très appréciable même si on a perdu 30 minutes en montant Tseppes et Bovine.
– il faut choisir son modèle avec grand soin AVEC les chaussettes qu’on utilisera lors de la course (type X-SOCKS) car au moindre espace intérieur, c’est la catastrophe: l’intérieur des Hoka est bizarrement fait et les ongles, notamment ceux des pouces peuvent venir buter sur l’avant avec comme conséquences de devenir noirs et d’être bousillés avant même que les racines et pierres du trail aient fait leur oeuvre; à l’arrière c’est pareil (pour avoir négligé ce détail et pris une paire de chaussettes un peu usées aux talons, l’auteur de ce post a du abandonner au bout de 120 km d’UTMB avec un arrière d’Hoka semblable à une sauce bolognaise faite de peau, de chair de sang de chaussettes et de mousse de chaussure)
– les Hoka sont vendues avec de vrais lacets ET une sorte de câble fin –> préférez les lacets sans oublier de les passer dans la boucle du bout de la chaussure pour bien tenir l’avant sur les pieds
Autre problème des Hoka, pas vraiment prouvé mais il y a de fortes présomptions: une vicieuse attaque détournée qui provoque une pubalgie. Peut-être que l’absorption des chocs remonte en fait plus haut sans que l’on s’en doute OU que la façon dont on change la position des jambes, talons, tendons, muscles à la montée provoque un truc bizarre mais en tous cas, pas mal d’utilisateurs de Hoka ont eu une pubalgie après un ultra trail.
Parmi les Hoka, il y a plusieurs modèles. La Mafate (très connue il y a quelques années) que vous pouvez apercevoir ci-dessus presque neuve, s’est avérée être une véritable daube. Impossible de faire + de 1000 m de dénivelé + et de descendre sans souffrir du bout des pieds et sans retrouver la sensation « bonhomme Michelin » qu’on avait avec les anciennes (autre photo).
A noter aussi que la première paire d’Hoka qu’on a utilisée (pas en photo), s’est révélée avoir une bulle d’air dans la semelle, bulle qui a explosé au bout de 15 km d’un trail de montagne, heureusement court. Hoka a été royal à cette occasion, remplaçant sans discuter la paire.
Avant d’être rachetée, la marque Hoka se distinguait à l’UTMB par une sympathie sans commune mesure avec les autres marques.
Nous avons de nos yeux vu le représentant de la marque PRETER une paire d’Hoka pour la CCC à une jeune fille qui avait des Hoka pour route. On n’a jamais vu ça chez une autre marque.
Peut-être que depuis qu’Hoka a été racheté par un fond d’investissement cette sympathie a disparu mais qui sait ..
Passons à l’opposé des Hoka, un modèle traditionnel comme les Asics Trabuco dont voici un « vieux modèle » (Hé oui, nous ne sommes pas un site qui reçoit des chaussures à tester pour blablater sur le poids ou autre truc sans intérêt: nous on est dans le dur, le vrai, la réalité ).
Asics a ses avantages classiques: très bonne tenue des pieds avec notamment un super laçage (et -la ruse -existe-t-elle encore ?- une petite gaine pour les lacets dont on se demande pourquoi d’autres marques ne l’adoptent pas), l’impression d’être collé au terrain grâce à la faible épaisseur et une très bonne prise en compte des pronateurs.
On aime ou pas l’amorti au gel. Certains pensent que ça n’amortit rien, d’autres ne jurent que par ça .. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas l’amorti des Hoka et que les cailloux coupants font mal mais il est difficile de dire que ça n’amortit pas du tout.
Peut-être que l’efficacité est variable en fonction du poids du coureur .. Difficile de savoir si l’amorti est aussi bon que celui des Asics Kayano qui sont faites pour les + de 75 kilos. Il y a quand même un doute quand on voit la différence de prix entre les Kayano et les Trabuco (les Kayano sont rarement en dessous de 160 euros alors que les trabuco sont environ à 100).
En tous cas, l’amorti dure plus longtemps que sur la plupart des chaussures mais faire + de 2 ultra trails avec une paire est un peu risqué pour les tendons..
En descente, les Asics fatiguent + que les Hoka mais si le trail a une partie plate ou en pente douce (comme la longue descente vers Bourg St Maurice de la TDS), alors Asics est un bon choix.
Sur la CCC ou l’UTMB, dans les 10 km « plats » avant Champex (attention à la montée finale que beaucoup oublient), on est vraiment bien en Asics.
En revanche, sur des descentes raides, tenter d’aller vite avec des Asics va faire mal, peut-être pas tout de suite mais à coup sûr quelques mois ou années plus tard. Pas mal de genoux déglingués et de tendons ruinés peuvent dire merci à des chaussures qui n’amortissent pas assez pour un style bourrin en descente.
Si vous faites du trail et avez l’intention d’en faire quelques années sans finir en béquilles pour marcher: NE BOURRINEZ PAS DANS LES DESCENTES !
Nombre d’anciens trailers sont condamnés au vélo et à la natation passés 50 ans. Même un cross de 5 km leur est impossible.
Le bon compromis entre Hoka et Asics existe ou plutôt existait: il s’agit de la Tecnica Diablo Max MAIS l’amorti se détruit en 120 kilomètres donc pas vraiment économique comme modèle.
Si votre but est uniquement de finir un trail pour une fois, optez pour une Tecnica proche de la Diablo Max, vous finirez sans dommage.
Sinon, on peut aussi s’intéresser à une marque peu citée dans les tests achetés 🙂 et pourtant assez bluffante: la marque LaSportiva.
Initialement, cette marque est une marque de chaussures de montagne et non de sport.
Son modèle Raptor GTX ressemble d’ailleurs plus à une chaussure de montagne qu’à une basket de course: l’avant est « long » mais les renforcements sont top pour un trail à cailloux et à gros dénivelé en descente.
Le « grip » du dessous est aussi ce qui se fait de mieux: même dans la boue, en descente ou montée, on ne glisse pas.
Les lacets serrent bien même avec ce long avant.
Un truc bluffant aussi sur ce modèle LaSportiva, le renforcement de l’intérieur du talon, ce qui évite même pour celles et ceux qui ont le fameux os proéminent du talon des coureurs, de déchirer rapidement la mousse et l’arrière, donc d’avoir moins de tenue.
Au niveau du « déroulé », la Raptor est classique: faite pour une vraie attaque à partir du talon mais l’amorti est là.
Si l’amorti ne vous semble pas assez bon, alors vous pouvez remplacer la semelle de base par une semelle NOENE (de préférence l’ergonomic-AC2). Là vous aurez le top en terme d’amorti, sans être monté(e) sur des talons. (Merci à Super Christophe de Sport2000 de St-Jean de Maurienne qui nous a conseillé ça).
Ce remplacement de semelle est aussi souvent pratiqué pour allonger la vie d’une chaussure dont l’amorti est parti.
Sinon, n’oubliez pas non plus que la largeur du pied compte et que les marques s’adaptent plus ou moins bien à ce critère (même si certaines proposent différents modèles).
Pour acheter vos chaussures, les meilleurs prix se trouvent sur Internet (notamment sur le site anglais www.wiggle.com qui compte la livraison comme en France) mais vous pouvez les acheter en magasins car on peut y obtenir assez facilement le même prix que sur Internet quand on le demande.
Sinon, au salon du trail lors de l’UTMB, les marques ont l’habitude de faire de grosses promos.
N’oubliez pas non plus Amazon, où vous pourrez trouver les modèles de l’année d’avant à prix vraiment intéressants.